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  • Gaz de schiste : des fracturations hydrauliques ont-elles eu lieu en France ?

    Publié le 10 Juin 2013  


    La technique dite de fracturation consiste à injecter un mélange
    d'eau, de sable et de produits chimiques pour briser les roches - AFP

    "La technique de la fracturation hydraulique a été utilisée de façon répétée en France au cours des dernières décennies, sans qu'aucun dommage n'ait été signalé." Voilà l'argument phare du rapport d'étape présenté, jeudi 6 juin, par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), pour plaider en faveur d'une exploration et exploitation "maîtrisées" des gaz et pétrole de schiste français.

    Le deux rapporteurs du texte, le député (PS) Christian Bataille et le sénateur (UMP) Jean-Claude Lenoir, affirment que la technique, "ancienne", a été employée en France "au moins à quarante-cinq reprises" depuis les années 1980, avant d'être interdite par la loi du 13 juillet 2011 en raison de ses risques pour l'environnement.

    Et de citer notamment quatorze opérations de fracturation réalisées sur le gisement pétrolier de Chaunoy (Seine-et-Marne) par la société Esso REP entre 1986 et 1987, ainsi que quinze autres, sur la même formation, par la société Vermilion, entre 2002 et 2010. "Aucun dommage à l'environnement n'a été rapporté", assurent les parlementaires.

    "La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre", conclut le rapport, qui incite le gouvernement à faire l'inventaire des ressources que renferme le sous-sol français.


    "STIMULATION HYDRAULIQUE"


    La France aurait-elle donc pratiqué la fracturation hydraulique comme aux Etats-Unis, où le schiste pourrait permettre d'accéder au Graal de l'indépendance énergétique ? L'argument est fallacieux. Car en réalité, sur les quarante-cinq fracturations, quarante-trois concernent du pétrole conventionnel et s'avèrent très différentes des opérations telles qu'elles sont menées outre-Atlantique dans les gisements de schiste.

    Contrairement aux huiles de schiste, qui se trouvent dispersées dans des roches ultra-compactes – les roches-mères – dont elles n'ont pas eu le temps de se libérer, le pétrole "classique" s'accumule dans des réservoirs au sein de formations géologiques plus perméables et poreuses. Le forage d'un puits vertical suffit alors à le faire remonter à la surface ; les hydrocarbures non conventionnels, au contraire, nécessitent, le long d'un forage souvent horizontal, de nombreuses opérations de fracturation de la roche, en injectant d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques sous pression – ce que l'on appelle la fracturation hydraulique.



    La technique de la fracturation hydraulique. Cette technique peut néanmoins être également utilisée dans le cas des gisements conventionnels. "La roche peut s'endommager après le forage d'un puits, ou avec le temps, et perdre de ses propriétés de transport. Un 'effet de peau' peut se créer, comme une sorte de membrane qui empêche ou rend plus difficile la connexion entre le puits et le réservoir. Pour reconnecter les deux, et restaurer ou augmenter la productivité du puits, on peut alors recourir à la fracturation hydraulique", explique François Kalaydjian, directeur adjoint ressources à l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles.

    La technique, que les professionnels désignent dans ce cas davantage sous le nom de "stimulation hydraulique", consiste aussi à envoyer de l'eau, du sable et des produits chimiques sous pression. "Mais leurs quantités sont très inférieures à celles utilisées pour récupérer des hydrocarbures non conventionnels", assure François Kalaydjian. Surtout, la technique s'emploie de manière très locale, alors qu'il faut fracturer entre quinze et vingt fois le long d'un drain horizontal d'un millier de mètres en moyenne dans le cas des schistes. "Au final, conclut l'expert, le mécanisme physique est le même mais l'ampleur et le but diffèrent."

    DEUX OPÉRATIONS DE FRACTURATION SUR DU SCHISTE


    Le groupe pétrolier canadien Vermilion, cité par le rapport parlementaire comme ayant mené le maximum d'opérations de fracturation hydraulique dans le Bassin parisien, a ainsi procédé essentiellement à des "stimulations hydrauliques". "Entre 2002 et 2010, nous avons réalisé quinze fracturations pour accroître le taux de production de nos puits de pétrole conventionnel", confirme Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques Vermilion Europe. En moyenne, selon l'entreprise, le taux de production s'est vu multiplié par trois dans les puits concernés. Les ONG locales, notamment le collectif Ile-de-France "Non aux gaz et pétrole de schiste", n'ont pas observé de conséquences pour l'environnement.

    Deux opérations supplémentaires, en revanche, portent bien sur un gisement de pétrole de schiste localisé dans la roche-mère du Lias (ou Jurassique inférieur), mais elles relèvent davantage de l'expérimentation. En juin 2010, Vermilion a ainsi lancé son programme d'exploration des ressources en huiles et gaz de schiste du Bassin parisien, sur le site de Champotran (Seine-et-Marne), en utilisant deux puits verticaux existants, et non des forages horizontaux comme aux Etats-Unis.

    "Dans chacun des puits, nous avons procédé à une fracturation hydraulique pour casser la roche-mère. Le premier n'a rien donné, mais le second puits, lui, nous a permis de récolter une dizaine de barils de pétrole non conventionnel par jour", livre Jean-Pascal Simard. Ce puits, Champotran 29D, dont la production se poursuit à raison de la quantité infime d'un baril par jour, s'avère le seul en France à produire des hydrocarbures non conventionnels, selon l'Union française des industries pétrolières. L'expérience de la France en la matière ne coule donc pas de source.


    © Audrey Garric - Le Monde


     
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