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  • Gaz de schiste : quelles conséquences sanitaires ? 

    Publié le 19 Avril 2014  


    Un puits d'extraction de gaz de schiste, exploité par la société Chevron
    AFP/JENEK SKARZYNCKI

    Que sait-on des effets sanitaires de l’exploitation du gaz de schiste ? Trois chercheurs américains ont tenté de répondre à cette question en passant au crible l’ensemble des travaux publiés ces dernières années sur le sujet. Le résultat de cette synthèse, publiée mercredi 16 avril dans Environmental Health Perspectives (EHP), la revue éditée par l’Institut national américain des sciences de la santé environnementale (NIEHS), dresse un état des lieux paradoxal : « Il y a des preuves de risques potentiels pour la santé publique dus au développement du gaz de schiste », écrivent Seth Shonkoff (université de Californie à Berkeley) et ses coauteurs, tout en notant un manque criant d’études épidémiologiques qui permettraient de sortir du doute sur leur réalité et l’ampleur de ces risques potentiels. 

    La question sanitaire devient d’autant plus sensible outre Atlantique que, dans la dizaine d’Etats producteurs, le développement rapide des gaz de schiste et de réservoirs compacts, place un nombre croissant d’Américains à proximité d’installations gazières de toutes sortes. Selon une analyse de bases de données publiques conduite en octobre par le Wall Street Journal, environ 15 millions d’Américains vivent à moins d’un kilomètre et demi d’un puits. Dans le seul Etat du Colorado, environ 12 000 points de forage sont situés à moins de 300 mètres d’habitations ou de lieux de vie. 

    EFFETS SANITAIRES 

    L’une des premières causes d’inquiétude soulevées est celle des adjuvants utilisés dans les fluides de fracturation : réducteurs de frictions, inhibiteurs de corrosion, biocides, etc. « Une accumulation grandissante d’études suggère que les risques de pollution existent par le biais d’une variété de voies de contamination, en particulier durant le transport des eaux de fracturation usées ou de leur entreposage, ou par le biais de confinement défaillant des gaz et des fluides, dues à une mauvaise cimentation des puits », écrivent les chercheurs. 

    Plusieurs études rassemblées montrent qu’un grand nombre des substances utilisées pour le fracking peuvent avoir des effets sanitaires. « A certaines concentrations, plus de 75 % des produits identifiés sont connus pour affecter négativement les yeux, la peau et d’autres organes sensoriels, le système respiratoire, le système gastro-intestinal et le foie, écrivent les auteurs. Et 52 % ont le potentiel d’affecter négativement le système nerveux, tandis que 37% sont de possibles perturbateurs endocriniens [PE]. » Cette catégorie spécifique est la plus problématique. En effet, notent les chercheurs, les PE sont susceptibles – au contraire de la majorité des substances chimiques – d’agir en perturbant le système hormonal, action possible à très faibles doses au cours de certaines périodes-clés du développement, en particulier la période périnatale. 

    L'EXEMPLE DU COLORADO 


    Dans le Colorado, par exemple, des mesures opérées en 2012 dans les eaux de surface et les eaux souterraines, montrent une présence significativement accrue de tels PE dans les zones d’intense activité d’extraction de gaz. « La concentration des substances détectées est suffisamment élevée pour interférer avec les récepteurs humains d’hormones masculines, précisent les chercheurs. Cela suggère que l’activité hormonale des produits utilisés dans le processus de fracturation devrait être testée. »

    Les chercheurs abordent également la présence de méthane dans les aquifères – crainte popularisée par les images spectaculaires du film Gasland, montrant des particuliers « allumer » l’eau courante à la sortie du robinet. Loin des polémiques sur la réalité du phénomène, les chercheurs assurent qu’il existe des « découvertes convaincantes » liant l’exploitation de gaz de schiste à « de hauts niveaux de méthane dans des points de prélèvement d’eau potable ». Les auteurs ajoutent cependant que « le méthane est typiquement considéré comme non-toxique et n’est pas l’objet de régulation aux Etats-Unis en tant que soluté ». Aucune étude épidémiologique n’est, toutefois, à ce jour, disponible pour évaluer les effets possibles à long terme d’une exposition chronique à cet hydrocarbure dans l’eau de boisson ou l’air ambiant. 

    PEU D'ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES 


    La qualité de l’air est un autre des sujets de préoccupation soulevés par les chercheurs. « La littérature scientifique suggère que l’exploitation de gaz de schiste émet des polluants atmosphériques parmi lesquels le benzène, le toluène, l’éthylbenzène et le xylène, le formaldéhyde », etc. La noria de camions transportant le fluide de fracturation, lors de certaines opérations, est également une source de pollution de l’air aux alentours des sites de production. Cependant le risque lié à cette pollution demeure difficilement appréciable. 

    Une étude pointe un risque de certains cancers légèrement accru lorsque le lieu de vie se trouve à moins d’un demi-mile (environ 800 mètres) d’un puits, tandis qu’une autre ne distingue pas de risque appréciable. Une étude épidémiologique récente, conduite dans le Colorado, est parvenue à établir un risque accru d’environ 30% des malformations congénitales cardiaques des enfants dont la mère vit dans les zones les plus proches des sites d’exploitation. Mais la causalité n’est cependant pas fermement établie et le mécanisme d’action non élucidé… De telles études sont encore très rares. « Le manque de connaissance le plus important est le peu d’études épidémiologiques, concluent ainsi M. Shonkoff et ses coauteurs. Il y a grand besoin d’évaluer la force de l’association entre les facteurs de risque, comme la pollution de l’air et la contamination de l’eau, et les conséquences sanitaires parmi les populations vivant à proximité des activités d’exploitation de gaz de schiste. »

    © Stéphane Foucart - Le Monde


     
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