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  • Soja, gaz de schiste... Les questions posées par l'accord Trump-Juncker

    Publié le 02 Août 20187  


    Lien vers l'article original: ici

    Jean-Claude Juncker et Donald Trump, mercredi à la Maison Blanche. - SAUL LOEB / AFP

    L'accord surprise entre l'Union européenne et les Etats-Unis annoncé mercredi soulève plusieurs interrogations, en pleine offensive protectionniste de Donald Trump.
     
    Il y a moins de deux semaines, Donald Trump qualifiait l'Union européenne d'«ennemi». Recevant mercredi Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à la Maison Blanche, le président des Etats-Unis a radicalement changé de ton. Après des semaines de tensions marquées par l'offensive protectionniste du milliardaire républicain, Bruxelles et Washington sont parvenus à un accord surprise sur les questions commerciales. «Nous nous sommes mis d'accord pour travailler pour qu'il n'y ait aucun droit de douane, aucune barrière non-douanière et aucune subvention sur les biens industriels non automobiles», s'est félicité Donald Trump. Jean-Claude Juncker, lui, a dit qu'il n'avait «qu'une intention» : «Passer un accord aujourd'hui. Et nous avons passé un accord», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune dans le Rose Garden.

    Pourquoi cet accord surprise ? L'annonce intervient dans un contexte de guerre commerciale, initiée par l'administration Trump. Après avoir d'abord ciblé l'acier et l'aluminium au prétexte de la «sécurité nationale», Donald Trump menaçait depuis des semaines de s'en prendre aux constructeurs automobiles européens. Le président a fait part à plusieurs reprises de son agacement de voir de nombreuses BMW et Mercedes, marques allemandes, circuler aux Etats-Unis, alors que les marques américaines sont peu populaires en Europe. L'accord de mercredi prévoit que les voitures européennes ne seront finalement pas taxées, a indiqué le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, qui indique également une volonté de mettre fin aux taxes sur l'acier et l'aluminium. «La première phase est de résoudre immédiatement ces questions afin qu'il n'y ait pas de tarifs douaniers de part et d'autre sur ça», a-t-il déclaré.

    Quelles contreparties l'Europe a-t-elle dû accepter ? Le président Trump mène sa politique économique avec une conviction, contestée par la plupart des économistes : les déficits commerciaux sont forcément nocifs. Et selon les statistiques américaines, le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de l'Union européenne était de 151 milliards de dollars en 2017 pour les biens. Pour les services, en revanche, les Etats-Unis enregistrent un surplus de 51 milliards de dollars face à l'UE. C'est dans cette optique que s'inscrivent les concessions acceptées par l'UE : Bruxelles a notamment promis d'acheter des matières premières aux Etats-Unis. «Les représentants de l'Union européenne m'ont dit qu'ils allaient commencer à acheter tout de suite du soja à nos formidables fermiers. Et aussi, ils vont acheter de grandes quantités de gaz naturel liquéfié!», affirme Donald Trump dans un tweet. La perspective d'un débouché pour le soja américain offre un répit à Donald Trump, dont la politique commerciale inquiète les agriculteurs qui ont voté pour lui. Il a été contraint d'annoncer un plan de subventions de 12 milliards de dollars pour répondre au mécontentement du secteur agricole.


    A-t-on besoin de plus de soja et de gaz ? La guerre commerciale bouscule les marchés mondiaux. En ripostant contre les droits de douane américains, la Chine a fait le choix de favoriser le Brésil pour son approvisionnement en soja. Dès la fin juin, Bloomberg notait que les Etats-Unis allaient devenir le premier fournisseur de l'UE, dans une vaste redistribution mondiale du commerce du soja. Concernant le gaz, l'Union européenne est extrêmement dépendante de pays non membres : la Russie, au premier chef, la Norvège et, à des niveaux très inférieurs, l'Algérie et le Qatar. Dans les données européennes, en 2015, le gaz naturel américain n'est même pas mentionné. Aux Etats-Unis, la production de gaz naturel a explosé durant les années Obama, à la faveur de cours pétroliers élevés qui rendirent rentables des techniques d'extraction coûteuses, permettant d'exploiter des ressources jusqu'alors inaccessibles, les gaz de schiste. Acheter du gaz américain pourrait permettre à l'Europe de réduire sa dépendance au gaz russe.

    Et l'environnement ? La conclusion d'un accord de libre-échange avec le Japon, la semaine dernière, avait été accueillie avec une grande méfiance par les écologistes, qui jugeaient les garanties du texte inexistantes et incompatibles avec l'Accord de Paris de 2015. L'accord au contour encore flou conclu entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker n'est en rien aussi large, mais il laisse sceptique certains écologistes. L'eurodéputé Yannick Jadot a ainsi tweeté jeudi : «Donc, pour satisfaire les délires trumpiens, Jean-Claude Juncker s’engage au nom de l’UE, sans mandat mais avec le soutien de la France, à importer plus de soja OGM «round-upé» et de gaz de schiste. Quand est-ce qu’on arrête le massacre ?»

    Quelle est la position de la France ? Si l'Allemagne est soulagée d'épargner à sa puissante industrie automobile un conflit commercial, la France s'est montrée plus réservée. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, rejette tout accord commercial global à la manière du TAFTA, abandonné après l'élection de Donald Trump. «Une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires et ne peut pas être conduite sous la pression», a-t-il déclaré selon l'AFP. Il a également exigé que l'agriculture «reste en dehors du champ des discussions», assurant que «l'Europe ne transigera pas avec ses normes». «Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu'elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs», a-t-il insisté. Sur ce point, les négociations pourraient être particulièrement compliquées : l'administration Trump, ouvertement climatosceptique et hostile à la protection de l'environnement, mène une campagne acharnée de dérégulation. Des méthodes à l'exact opposé des ambitions affichées par l'UE.


    © Adrien Gaboulaud avec l'AFP pour ParisMatch.com


     
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