Des Gaz de schiste propres puisqu'on vous le dit !
Publié le 28 Novembre 2012
Décidément, l’interdiction de la fracturation hydraulique en France, et la pénurie d’eau
aux USA, stimulent tous les «Géotrouvetout» d’ici et d’ailleurs ! Et ils focalisent sur
l’aspect «hydraulique», sans doute pour nous faire oublier que l’aspect «fracturation»
est dangereux en lui-même. Car même en débordant d’imagination, on ne voit pas du
tout comment on pourrait extraire le gaz sans détruire la roche, physiquement ou
chimiquement. Et cette destruction présente des risques sismiques et de pollution (ne
serait-ce que par migration des gaz le long des failles présentes naturellement), quel que
soit le procédé de fragmentation de la roche. Alors on nous amuse en prétendant
minimiser les impacts sur l’eau.
Les requins nettoient en eau trouble
Il y a les requins du traitement de l’eau, toujours à l’affut, et qui nous proposent de
retraiter l’eau que les foreurs auront polluée pour, selon Veolia, « créer une source
durable d’eau et d’énergie pour les générations futures ». Rien que ça ! En réalité il s’agit
de faire transiter la fraction des eaux de fracturation pompée en surface au travers
d’une batterie de toutes les technologies actuelles de traitement (ultrafiltration sur
céramique, échange d’ion, osmose inverse) ; On espère ainsi enlever un maximum des
polluants qu’on y aura introduit. La publicité du procédé OPUS ® II [1] ne parle pas des
éléments volatils ou radioactifs, mais Veolia se propose de venir sur votre champ gazier
pour faire des essais, et ils vous rajouteront sans problème quelques traitements
supplémentaires du genre tour de lavage acide/base ou colonne d’adsorption pour
compléter la panoplie… Pour « créer » quoi ? Un effluent industriel, de toute façon de
moins bonne qualité que l’eau prélevée à l’origine, et en quantité bien moindre puisque
près de la moitié de l’eau injectée reste dans le sous-sol. Et puis surtout des boues de
traitement concentrant tous les polluants extraits, et dont on ne saura que faire. Elles
vont être gâtées « les générations futures » !
Les chimistes et la chimère de l’hélium
Il y a aussi les chimistes qui disent « remplaçons l’eau par autre chose ». Par exemple un
gaz liquéfié ! Le canadien Gasfrac expérimente une technique de fracturation au gel de
propane : et pourquoi pas du gaz de schiste liquéfié pour extraire le gaz de schiste ? On
pourrait fonctionner en circuit fermé sans rien produire! La solution la plus avancée
serait celle de l’américain Chimera Energy Corporation (ça ne s’invente pas comme
nom) qui a inventé la fracturation pneumatique : Le procédé consisterait à injecter de
l’hélium liquéfié dans la roche cible ; grâce à la chaleur du sous- sol celui-ci repasserait
en phase gazeuse en augmentant son volume de 700 fois et crac boum hue la roche est
fracturée. Mais l’hélium terrestre est une ressource non renouvelable (on l’extrait… du
gaz naturel !) en voie d’épuisement selon Robert Richardson, Prix Nobel de Physique. Et
avant d’injecter ces gaz, on mettra quoi dans les boues de forage ? Et après, pour
permettre au gaz de schiste de remonter, on n’aura plus besoin des additifs
indispensables quand la fracturation était faite avec de l’eau ?
Alors pourquoi tant de bruit
Alors tout ce bruit pourquoi ? Pour permettre au Gouvernement de faire machine
arrière, en cédant aux pressions des industriels, sans perdre la face. Et pour tromper les
citoyens en essayant de leur faire croire qu’il peut y avoir une exploitation non polluante
des gaz de schiste. La machine à décerveler est en marche et selon les bons conseils
prodigués l’été dernier par (des étudiants de) l’Ecole de Guerre Économique (si, ça
existe en France !) dans une « étude fictive » intitulée « L’intérêt du gaz de schiste pour
la France » : celle-ci explique comment nous imposer les gaz de schiste en nous faisant
croire que nous le décidons volontairement. Plus que jamais nous devons rester fermes :
la seule solution, c’est la transition énergétique. Il n’y aura pas de solution propre pour
les gaz de schiste : « on ne peut pas récupérer la confiture sans casser la gaufrette [2] ».
[1] OPUS ® II http://www.vwsoilandgas.com/en/
[2] Cécile duflot, ministre de légalité des territoires et du logement, metz le 16 novembre 2011
http://stopgazdeschiste.org/
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