Quel est le véritable impact écologique des éoliennes offshore sur la faune et la flore marines ?
Publié le 21 Juillet 2025Lien vers l'article original : ici
Des requins et des raies fréquentent régulièrement certaines zones maritimes interdites à la pêche au large des Pays-Bas, selon une étude néerlandaise basée sur l’analyse de traces ADN. Ces découvertes relancent le débat sur le rôle écologique que peuvent jouer les grandes infrastructures en mer.
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| olge © Jacopo Landi - Shutterstock |
Dans le silence des profondeurs marines, de nouvelles silhouettes verticales redessinent peu à peu l’horizon sous-marin. Loin d’être de simples infrastructures énergétiques, les parcs éoliens en mer transforment les écosystèmes côtiers en créant des zones d’exclusion propices au retour de certaines espèces. Des chercheurs y ont récemment détecté, grâce à l’ADN environnemental, la présence discrète mais régulière de requins et de raies, révélant que même les milieux artificialisés peuvent parfois devenir des refuges pour une biodiversité en quête de répit.
L’essor des parcs éoliens en mer transforme les équilibres écologiques
L’accélération de la transition énergétique pousse l’Europe à multiplier les installations d’éoliennes en mer, avec un objectif de 300 GW de capacité d’ici 2050 selon la Commission européenne. Cette expansion rapide s’accompagne d’un bouleversement majeur de l’usage des zones marines, déjà sous pression. À la croisée des intérêts énergétiques, halieutiques et écologiques, ces nouveaux espaces interrogent autant qu’ils fascinent.
L’université de Wageningen, aux Pays-Bas, a mené une vaste campagne de prélèvements dans quatre parcs éoliens offshore de la mer du Nord, révélant la présence régulière de requins et de raies. Ces espèces, connues pour leur vulnérabilité face aux activités humaines, semblent trouver un certain répit dans ces zones interdites au chalutage. L'étude a confirmé la détection de cinq espèces d'élasmobranches grâce à l’analyse d’ADN environnemental prélevé dans 436 échantillons d’eau de mer. Ces traces génétiques offrent une nouvelle lecture de la biodiversité sous-marine et permettent d’accéder à des données autrement difficiles à obtenir.
L’université de Wageningen, aux Pays-Bas, a mené une vaste campagne de prélèvements dans quatre parcs éoliens offshore de la mer du Nord, révélant la présence régulière de requins et de raies. Ces espèces, connues pour leur vulnérabilité face aux activités humaines, semblent trouver un certain répit dans ces zones interdites au chalutage. L'étude a confirmé la détection de cinq espèces d'élasmobranches grâce à l’analyse d’ADN environnemental prélevé dans 436 échantillons d’eau de mer. Ces traces génétiques offrent une nouvelle lecture de la biodiversité sous-marine et permettent d’accéder à des données autrement difficiles à obtenir.
Un habitat en recomposition autour des turbines offshore
Les zones d’exclusion créées par les parcs éoliens en mer constituent, de facto, des sanctuaires partiels pour la faune marine. Le chalutage y étant interdit, les fonds marins peuvent se régénérer. Cette pause dans l’exploitation permet le retour de certaines espèces et favorise la reconstitution des habitats. Le phénomène observé chez les élasmobranches en est un exemple. Ils ne font pas que transiter dans ces zones, mais semblent s’y nourrir, voire s’y reproduire.
Selon la revue Ocean & Coastal Management, les parcs éoliens pourraient même renforcer certains effets dits de “récifs artificiels”, grâce aux structures posées sur le fond marin pour stabiliser les turbines. Si ces installations peuvent gêner certains poissons, elles créent aussi des abris pour d'autres, en fonction des préférences écologiques de chaque espèce. Le cas du requin Mustelus asterias, détecté principalement au printemps et à l’automne, illustre l’intérêt de ces zones côtières pour des espèces migratrices sensibles.
Selon la revue Ocean & Coastal Management, les parcs éoliens pourraient même renforcer certains effets dits de “récifs artificiels”, grâce aux structures posées sur le fond marin pour stabiliser les turbines. Si ces installations peuvent gêner certains poissons, elles créent aussi des abris pour d'autres, en fonction des préférences écologiques de chaque espèce. Le cas du requin Mustelus asterias, détecté principalement au printemps et à l’automne, illustre l’intérêt de ces zones côtières pour des espèces migratrices sensibles.
Évaluer les bénéfices sans ignorer les risques à long terme
L’étude néerlandaise montre que l’influence des parcs éoliens en mer sur la biodiversité marine est loin d’être univoque. Certains effets apparaissent bénéfiques, en particulier du fait de l’exclusion de la pêche industrielle. Mais d’autres aspects restent flous, notamment les effets des champs électromagnétiques émis par les câbles sous-marins, auxquels les requins et raies sont particulièrement sensibles. Ces animaux utilisent en effet des capteurs électrosensoriels pour s’orienter et chasser, et des perturbations trop marquées pourraient modifier leur comportement.
Les chercheurs de l’université de Wageningen soulignent qu’il serait prématuré de tirer des conclusions définitives. Si l’étude confirme que les élasmobranches ne fuient pas les éoliennes, elle n’indique pas encore comment ces animaux utilisent précisément ces nouveaux habitats. Les données ADN ne permettent pas de distinguer un individu de passage d’un animal qui aurait élu domicile. Des méthodes complémentaires comme le marquage ou l’utilisation de caméras immergées seront nécessaires pour comprendre l’impact réel des éoliennes sur la reproduction, l’alimentation ou les déplacements à long terme.
La recherche met aussi en garde contre un retour potentiel du chalutage dans certaines de ces zones, au nom de la “multi-utilisation” des espaces marins. Une telle évolution annulerait les bénéfices observés sur la biodiversité. La question dépasse la biologie marine. Elle concerne aussi la planification spatiale et la cohérence des politiques européennes en matière de biodiversité et d’énergie.
Les chercheurs de l’université de Wageningen soulignent qu’il serait prématuré de tirer des conclusions définitives. Si l’étude confirme que les élasmobranches ne fuient pas les éoliennes, elle n’indique pas encore comment ces animaux utilisent précisément ces nouveaux habitats. Les données ADN ne permettent pas de distinguer un individu de passage d’un animal qui aurait élu domicile. Des méthodes complémentaires comme le marquage ou l’utilisation de caméras immergées seront nécessaires pour comprendre l’impact réel des éoliennes sur la reproduction, l’alimentation ou les déplacements à long terme.
La recherche met aussi en garde contre un retour potentiel du chalutage dans certaines de ces zones, au nom de la “multi-utilisation” des espaces marins. Une telle évolution annulerait les bénéfices observés sur la biodiversité. La question dépasse la biologie marine. Elle concerne aussi la planification spatiale et la cohérence des politiques européennes en matière de biodiversité et d’énergie.
© Auriane POLGE pour science-et-vie.com
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