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  • Environnement : saisir l’occasion de changer nos comportements

    Publié le 20 Avril 20207  


    Lien vers l'article original: ici



    Sherbrooke — La crise des changements climatiques et la pandémie de COVID-19 ont peut-être plus en commun qu’il le paraît. Bien qu’il lui soit impossible de prédire le sort de la cause environnementale à la sortie de la crise sanitaire, Alain Létourneau, professeur titulaire au département de philosophie et d’éthique appliquée de l’Université de Sherbrooke, espère que certains des apprentissages collectifs que réalise actuellement la planète ne seront pas envoyés de sitôt aux... poubelles!

    « Je veux que l’on tire des leçons de cette crise, dit celui qui se spécialise notamment sur les questions de gouvernance environnementale. Il faut accorder beaucoup plus de temps et de ressources à la planification en amont, en considérant la possibilité réelle de crises sérieuses. Les décisions prises dans l’urgence font courir plus de risques. Après, on doit se débrouiller et on fait ce qu’on peut, du mieux possible et c’est très bien. Mais pensons aux réserves de masques, de combinaisons, pensons aux ventilateurs, à la situation dans les CHSLD. Pas juste au Québec : on est habitués à penser court terme. »

    Comme la pandémie, le réchauffement de la planète est une crise qui demande une intervention. Plus encore, toutes deux émergent d’une relation problématique entre les humains et leur environnement, fait remarquer le Pr Létourneau.

    Une étude de l’Université de Californie s’est d’ailleurs récemment ajoutée aux multiples voix scientifiques qui établissent un lien entre l’empiétement des humains sur la biodiversité et l’émergence de virus provenant des animaux (zoonoses). Selon la communauté scientifique, un tel lien pourrait expliquer l’apparition de la COVID-19.

    « On a de bonnes raisons de saisir l’occasion pour changer notre attitude. Les humains empiètent de plus en plus sur les écosystèmes, nous attaquons sans le vouloir la biodiversité. Et cela nous menace. Il y a plusieurs régions chaudes sur la planète, cela dépasse les marchés chinois. Pensons à l’Amazonie, aux autres forêts tropicales sur la Terre. Avec la mondialisation, la Terre n’est plus un village, c’est une rue, comme disait Stéphane Laporte. On est tous voisins. Il faut apprendre à vivre avec les autres vivants sur la planète. »

    Mais le virus aura-t-il fait compétition à l’environnement pour ainsi le faire reculer dans les priorités, particulièrement lorsque viendra le temps de rebâtir l’économie ?

    « La partie n’est pas jouée d’avance, répond le Pr Létourneau. Tous les scénarios sont envisageables. On peut avoir un recul global des priorités environnementales, ou un recul plus marqué à certains endroits et une avancée des prises au sérieux en d’autres. Les décideurs qui, aujourd’hui, font de l’économie la seule priorité à considérer seront-ils encore au pouvoir à la fin de la crise? Je ne pense pas qu’on va les voir disparaître. Il faut comprendre tout de suite que la vie économique importe, mais elle doit être repensée dans le cadre plus vaste de nos relations avec les écosystèmes, dont nous dépendons en tout temps. Or, depuis la Révolution industrielle, sans le savoir, nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. »

    Alain Létourneau est professeur titulaire au département de philosophie et d’éthique appliquée de l’Université
    de Sherbrooke. Il se spécialise notamment dans les questions de gouvernance environnementale.

    LA TRIBUNE, ARCHIVES

    Discipline collective

    Après avoir connu les mesures de confinement et de distanciation sociale, la population sera-t-elle prête à encaisser plus de restrictions pour remédier à la crise environnementale ?

    « Le défi est immense, car nous chérissons beaucoup notre liberté de mouvement, notre liberté de “ faire ce qu’on veut ”. Nous acceptons actuellement plutôt bien les contraintes, dans l’ensemble. Il y aura d’autres crises importantes dans les années à venir, c’est une chose avérée. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la communauté scientifique dans son ensemble. Un peu comme la covid-19, les changements climatiques sont un ennemi invisible. Il faut qu’on revalorise la capacité de se donner une discipline, si on veut éviter l’autoritarisme. Et on peut le faire sur une base collective. »

    « C’est quand même encourageant de voir un état et des leaders qui prennent position, commente à son tour Félix Boudreault, porte-parole du groupe militant Urgence climatique Sherbrooke. On ne va pas se leurrer, les mesures actuelles ne sont pas bonnes pour l’économie, mais quand la santé publique et le bien-être collectif sont remis en cause, il faut parfois adopter des mesures radicales. Avec la crise climatique, plus rapidement on changera certains comportements, moins on aura besoin de prendre des mesures contraignantes plus tard. C’est comme n’importe quelle gestion de crise : on peut aplatir la courbe. Tout ça sans vouloir diminuer la crise qu’on vit actuellement avec le virus, qui est absolument horrible. »

    La mobilisation pour contrer les changements climatiques aura cependant connu de meilleurs jours. La grande manifestation pour le climat qui était prévue le 3 avril n’a évidemment pas eu lieu, et les groupes environnementaux se seront fait beaucoup moins bruyants pour faire avancer leur cause.

    « Ça nous donne du temps pour réfléchir et discuter, mais on a clairement d’autres chats à fouetter en ce moment que la question environnementale, admet Félix Boudreault. Les manifestations, ça ne sert pas tellement à faire changer l’opinion du gouvernement qu’à mobiliser les gens et à les rallier à la cause. Alors en ce moment, c’est certain que c’est plus difficile de ce côté. »


    © Jasmine Rondeau  pour latribune.ca


     
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