Malgré une électricité décarbonée à 95%, la France dépend à 60% des énergies fossiles... Comment l'expliquer ?
Publié le 15 Septembre 2025Lien vers l'article original: ici
- Grâce au nucléaire et à l’essor des énergies renouvelables, l’électricité produite par la France est à 95% décarbonée, selon les chiffres publiés cette semaine par RTE.
- Mais la France est encore loin de la neutralité carbone, en raison de sa grande dépendance aux énergies fossiles pour tous les usages.
- Voitures, usines, logements… nos activités dépendent encore à 60% des énergies fossiles importées.

Les marches vers la neutralité carbone en 2050 – le point d’équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone dans l’atmosphère par les puits de carbone – sont hautes. Mais la France en a franchi une première en produisant une électricité à 95% bas-carbone en 2024.
Selon les chiffres publiés lundi par RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, la France est revenue, pour le nucléaire, près de ses niveaux d’avant-Covid en 2024 grâce au "redressement rapide" du parc (après la fermeture pour maintenance d’une partie de ses centrales en 2022).
Associé à la production "record" d’électricité d’origine renouvelable, cela permet de franchir pour la première fois le seuil de 95% de production d’électricité bas-carbone (peu ou pas d’émissions à l’usage, conditions de production et gestion des déchets mises à part).
Selon les chiffres publiés lundi par RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, la France est revenue, pour le nucléaire, près de ses niveaux d’avant-Covid en 2024 grâce au "redressement rapide" du parc (après la fermeture pour maintenance d’une partie de ses centrales en 2022).
Associé à la production "record" d’électricité d’origine renouvelable, cela permet de franchir pour la première fois le seuil de 95% de production d’électricité bas-carbone (peu ou pas d’émissions à l’usage, conditions de production et gestion des déchets mises à part).
Production hydraulique "exceptionnelle"
Le nucléaire reste la première source de production électrique, avec 67,41%. Mais la part de l’électricité produite par les énergies renouvelables (éolien, solaire, barrages et biomasse) augmente à un niveau inédit, à 27,6%. Ce bond a notamment été permis par une production hydraulique "exceptionnelle" l’année dernière, au plus haut depuis 2013, avec des records de pluviométrie.
Ce seuil d’énergies renouvelables reste bien inférieur à ceux atteints par l’Allemagne et le Royaume-Uni, et la France demeure en retard sur les objectifs européens, qui fixe à 42,5% les énergies renouvelables d’ici à 2030. Mais Paris bataille à Bruxelles pour faire admettre le nucléaire dans un volet "électricité bas-carbone", plutôt que de séparer nucléaire et énergies renouvelables.
Ce seuil d’énergies renouvelables reste bien inférieur à ceux atteints par l’Allemagne et le Royaume-Uni, et la France demeure en retard sur les objectifs européens, qui fixe à 42,5% les énergies renouvelables d’ici à 2030. Mais Paris bataille à Bruxelles pour faire admettre le nucléaire dans un volet "électricité bas-carbone", plutôt que de séparer nucléaire et énergies renouvelables.
"Les transferts d’usage des
fossiles vers l’électricité ne
sont pas enclenchés au niveau
requis pour décarboner en profondeur."Thomas Veyrenc, RTE
Cette production d’électricité a permis à la France d’exporter vers ses voisins, et beaucoup : 89 TWh en 2024, battant le record de 2022 pour les exports nets d’électricité. "La France a exporté vers toutes les frontières : Allemagne-Belgique (+27,2 TWh), Italie (+22,3 TWh) Royaume-Uni (+21 TWh), Suisse (+16,7 TWh), dans une moindre mesure Espagne (+2,8 TWh)", détaille Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances de RTE, dans un message sur LinkedIn. Ce qui permet au reste de l’Europe de réduire l’utilisation de charbon ou de gaz dans sa production d’électricité.
Mais ces chiffres ont une limite. "Ce record existe parce que la consommation d’électricité [en France, Ndlr] demeure faible", écrit le responsable de RTE. Ce qui est en partie une bonne nouvelle : les Français ont mis en œuvre des comportements plus économes en énergie. Mais qui traduit surtout le fait que la France n’a pas assez électrifié ses usages. "Les transferts d’usage des fossiles vers l’électricité ne sont pas enclenchés au niveau requis pour décarboner en profondeur", constate ainsi Thomas Veyrenc.
Mais ces chiffres ont une limite. "Ce record existe parce que la consommation d’électricité [en France, Ndlr] demeure faible", écrit le responsable de RTE. Ce qui est en partie une bonne nouvelle : les Français ont mis en œuvre des comportements plus économes en énergie. Mais qui traduit surtout le fait que la France n’a pas assez électrifié ses usages. "Les transferts d’usage des fossiles vers l’électricité ne sont pas enclenchés au niveau requis pour décarboner en profondeur", constate ainsi Thomas Veyrenc.
Transports, bâtiments, usines dépendent encore beaucoup des énergies fossiles
Si la France produit 95% d’électricité décarbonée, sa consommation d’énergie, elle, est toujours très dépendante des énergies fossiles. Transports, usines, bâtiments… "notre économie dépend encore à 60% des énergies fossiles", rappelle Thomas Veyrenc. Des énergies fossiles importées qui, en dehors de leur impact massif sur le climat et les émissions de gaz à effet de serre de la France, renforcent notre dépendance aux pays producteurs de gaz et de pétrole.
Ainsi, selon les données du ministère de la Transition écologique, "en 2022, la consommation française d'énergie finale a reposé à près de 39% sur le pétrole et 18% sur le gaz naturel (hors électricité), contre 27% sur l'électricité". Les transports sont le premier poste de consommation, devant les bâtiments (chauffage, résidentiel et tertiaire), l’industrie puis l’agriculture. Dans ses scénarios, RTE parie sur une électrification massive des usages, qui suppose une transformation des usages et des politiques publiques de soutien à la transition : développement d’un parc automobile propre, décarbonation de l’industrie, rénovation énergétique.
Ainsi, selon les données du ministère de la Transition écologique, "en 2022, la consommation française d'énergie finale a reposé à près de 39% sur le pétrole et 18% sur le gaz naturel (hors électricité), contre 27% sur l'électricité". Les transports sont le premier poste de consommation, devant les bâtiments (chauffage, résidentiel et tertiaire), l’industrie puis l’agriculture. Dans ses scénarios, RTE parie sur une électrification massive des usages, qui suppose une transformation des usages et des politiques publiques de soutien à la transition : développement d’un parc automobile propre, décarbonation de l’industrie, rénovation énergétique.
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