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  • L’éolien offshore français sort la tête de l’eau

    Les projets démarrent et le savoir-faire français est reconnu à l'international

    Publié le 01 Décembre 2021  

    Lien vers l'article original: ici

    ©SIPA

    Le début d’une nouvelle ère énergétique pour la France. Après des années d’atermoiements et quelques autres de retard, les premiers projets de centrales éoliennes offshores vont sortir de mer sur la façade ouest à partir de l’année prochaine. Alors que de nombreux pays, notamment en Europe du nord, sont bien plus avancés, l’objectif français est d’augmenter la part d’énergies renouvelables, donc réduire celle, largement majoritaire, du nucléaire et coller aux objectifs écologiques de l’Union européenne pour 2050. Le retard français est réel mais il est à relativiser par les projets en cours de finalisation, et aussi par le savoir-faire français dans le domaine, largement exploité par les autres pays éoliens. Les pales vont bientôt prendre le vent sur la façade Atlantique et la filière industrielle promet de grandir encore.

    De l’autre côté de l’Atlantique, dès le premier jour de son mandat, le 46e président américain Joseph Biden a engagé le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat et a exhorté les États américains à utiliser au maximum les énergies renouvelables. L’État de New York s’est engagé, lui, à troquer le nucléaire et les énergies fossiles contre des parcs éoliens, notamment pour devenir carbone neutre dès 2040. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est encore le premier pays du monde en termes de production d’électricité éolienne mais la Chine et les États-Unis prendront inéluctablement et rapidement les rênes de ce classement.

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    Le nouvel ordre énergétique mondial
    Dans la production mondiale d'énergie renouvelable, l’éolien en mer prend de plus en plus de place. Certes, la production d’électricité par ce biais est moins régulière et sûre que le nucléaire (une énergie elle aussi décarbonée, mais plus décriée), qui alimente la France à hauteur de 70 %, mais son arrivée sur les côtes françaises va permettre de renforcer le mix énergétique. Le Premier ministre Jean Castex a tout récemment rappelé que l’éolien en mer devait contribuer à réduire la part du nucléaire à 50 % d’ici à 2035.


    La France du nucléaire à la traîne
    L’Hexagone a avancé à son propre rythme et aperçoit enfin la fin du tunnel. “La France est en retard car elle n’est pas en avance. Mais elle est en avance sur le nucléaire, ce qui explique son retard sur l’éolien et sur l’offshore”, explique volontairement binairement Christopher Guérin, DG de Nexans, groupe français spécialisé dans les câbles électriques permettant de relier les éoliennes offshores au continent. “Les pays du nord de l’Europe ne sont pas du tout dans le nucléaire, ils se décarbonent en se positionnant sur le renouvelable”, expose Matthieu Blandin, spécialiste offshore chez Valorem Marine Solutions, opérateur en énergies vertes. “Ces pays se sont lancés dans l’éolien offshore car ils sont dépendants d’autres filières énergétiques. C’était moins le cas pour la France, autonome grâce au nucléaire.”


    “Ces pays se sont lancés dans l’éolien offshore car ils sont dépendants d’autres filières énergétiques. C’était moins le cas pour la France, autonome grâce au nucléaire”

    Début 2021 en France, il n’y a toujours qu’une seule éolienne en mer qui fournit de l’électricité, située au large du Croisic, en Loire-Atlantique. La fin de l’année 2022 devrait mettre fin à cette cocasse exception avec la livraison du premier champ d’éoliennes, au large de Saint-Nazaire, et ses 80 turbines pour une production annoncée de 480 mégawatts. “La France est partie en retard et reste en retard, car il faut 10 ans pour livrer une installation offshore”, précise Olivier Terneaud, vice-président énergie éolienne de Total. “Mais ce n’est pas un rythme scandaleux par rapport aux autres.” En Angleterre et en Écosse, les premières centrales éoliennes ont été mises en service au bout de 10 ans également. Les temps longs français s’expliquent surtout par les recours en justice des associations anti-éoliennes et de certains écologistes. Aujourd’hui, les recours ont été rendus plus compliqués pour les anti. “Dorénavant, on a un système de réglementation similaire aux autres pays”, confirme Olivier Terneaud. La centrale éolienne de Saint-Nazaire était initialement prévue pour 2019 puis 2020.

    Des Français en pointe
    Si la France ne compte encore à cette heure aucun champ éolien actif, les acteurs français de cette industrie ne sont pas des perdreaux de l’année. Leur savoir-faire et leurs compétences sont reconnus dans le monde, et en premier lieu dans une Europe qui peut déjà produire 16 gigawatts d’électricité par ce biais. “L’éolien en mer a commencé il y a plus de 10 ans pour nous en Belgique et depuis plus de 10 ans notre expérience s’est renforcée”, témoigne Cédric Le Bousse, directeur des énergies marines renouvelables (EMR) d’EDF Renouvelables. “Nous sommes actifs dans sept pays comme la Belgique, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, les États-Unis et la Chine.” Alors que l’on a tendance à envisager l’électricité par pays par le prisme de l’autonomie énergétique, l’éolien offshore est un sujet international pour les entreprises. EDF Renouvelables dispose de 6,5 GW en développement, en construction ou en exploitation dans le monde. On estime à 200 GW la production d’électricité par des éoliennes en mer dans le monde pour 2030. De 70 à 90 GW proviendraient de l’Europe, 50 GW de la Chine et quelque 25 GW pour les États-Unis.

    “Alors que l’on a tendance à envisager l’électricité par pays par le prisme de l’autonomie énergétique, l’éolien offshore est un sujet international pour les entreprises”


    Si EDF Renouvelables s’exporte bien, c’est le cas également de General Electric France qui a absorbé la branche énergie d’Alstom et qui est un acteur de l’éolien de la première heure sur notre sol. “Malgré les retards en France, nous avions des projets aux États-Unis, en Chine ou en Allemagne, ce qui a permis d’alimenter l’usine à Saint-Nazaire, la première à voir le jour en France pour construire les nacelles et les turbines”, affirme Steven Curet, président de GE Wind France. De la même façon, Nexans a déployé ses immenses câbles électriques au fond des océans de la planète. 80 % des câbles américains seraient installés par le groupe français qui a aussi signé fin 2019 un contrat substantiel de 2 milliards d’euros avec le Danois Orsted, numéro un mondial en termes d’énergies renouvelables. “Tous les grands groupes ont appris grâce au Royaume-Uni en termes d’éolien en mer”, synthétise Christopher Guérin. “C’est sur les champs au nord de l’Écosse que nous avons appris à faire avec le vent fort, les très grosses vagues, etc.”. “Total est un acteur très recherché parmi les employeurs dans l’offshore”, complète en ce sens Olivier Terneaud.

    Les promesses de la filière industrielle
    Une filière industrielle de haute technologie est donc en train d’émerger sur le sol français, avec ce qu’elle peut apporter en termes de richesse et d’emploi créés (cf. encadré). Cette filière nouvelle était l’un des principes définis à la fin des années 2000 lors du tout premier appel d’offres lancé par l’État. À Saint-Nazaire, GE produit actuellement les machines pour 2022. À Nantes, son centre d’ingénierie met au point la Haliade-X, la plus grande éolienne du monde avec 248 mètres de hauteur. Enfin, a été inaugurée en 2019 l’usine de pales de Cherbourg. La plus importante est celle du Havre qui embauche 750 personnes. “Ce sont de nouveaux jobs au cœur de la transition énergétique, des jobs assez pointus avec des gens engagés dans la fabrication de nouveaux composants électriques, de nouveaux designs, indique Steven Curet. Il y a peu de cas de nouvelles filières exportatrices en France, avec des métiers de haute technologie, je pense que nous sommes les seuls depuis 10 ans.”


    “Il est plus facile de recruter en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis. Il y a encore peu de bons CV français mais ça va venir”


    Pourtant, c’est l’anglais qui reste la langue de l’éolien offshore jusqu’ici marqué par la bonne longueur d’avance du Royaume-Uni. Le Brexit pourrait à ce titre devenir problématique en raison de la dépendance des membres de l’UE en termes de savoir-faire sur certains aspects. “C’est plus compliqué de trouver des pros de l’offshore en France”, témoigne Olivier Terneaud chez Total. “Il est plus facile de recruter en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux États-Unis. Il y a encore peu de bons CV français mais ça va venir.” Il y a actuellement 6 projets solides en France contre près de 10 fois plus pour les îles britanniques. Outre Saint-Nazaire, qui devrait fonctionner fin 2022, Fécamp et ses 71 éoliennes ont pour objectif de livraison 2023. Courseulles-sur-Mer (64 éoliennes) et Dieppe-Le Tréport (62) seraient prêts en 2024. Le Cotentin accueillera la quatrième installation normande pour un total de 1 GW en 2028. Enfin, le projet de Dunkerque, qui est en phase de concertations, devrait tourner dès 2027. La France a pris son temps mais semble définitivement lancée.


    © Benjamin Pruniaux pour lenouveleconomist.fr/


     
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