hit counter

Meta Tag Generator

Touchepasmaroche-mere Touchepasmaroche-mere


  •     ACCUEIL    
  • Transports en commun : et si l’Île-de-France devenait autonome en gaz ?

    Publié le 20 Mai 2022  


    Lien vers l'article original: ici

    Charny (Seine-et-Marne), ce mois-ci. Une usine de méthanisation a vu le jour, il y a environ un an,
    sur l'exploitation de Louis Courtier (Ici, Luc qui travaille sur le site). LP/Jila Varoquier

    La méthanisation se développe à vitesse grand V dans la région avec, comme département pionnier, la Seine-et-Marne. De quoi fournir bientôt la totalité des besoins en carburant bioGNV des transports en commun franciliens.

    C’est dans le nord de la Seine-et-Marne qu’il faut se rendre pour trouver l’exploitation de Louis Courtier, agriculteurs de père en fils. Là, du côté de Charny, s’étendent à perte de vue des champs, verdoyants en ce début de printemps. Au milieu, trois drôles de chapiteaux verts surgissent, discrets. C’est l’usine de méthanisation que le jeune exploitant a mise en place, il y a environ un an, avec son voisin agriculteur.

    De leurs déchets agricoles stockés sur trois cases de 2 500 mètres carrés, ils fabriquent désormais du gaz vert. Plus précisément du biométhane, aussi appelé bioGNV. Une aubaine pour la région et la planète. En tant que carburant, le biométhane génère en effet 80 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins que le diesel. Et sa production est elle aussi verte, contrairement au gaz naturel traditionnel dont l’extraction nécessite des énergies fossiles.

    Comment ça fonctionne


    La méthanisation, c’est le processus de dégradation des déchets agricoles ou alimentaires dans un milieu clos en l’absence d’oxygène. Elle s’inspire des mêmes procédés… qu’une bouse de vache. Pour y parvenir, les professionnels puisent dans trois tas de maïs, d’orge et de pulpe de betteraves. Ce sont le reste des cultures qui jusque-là n’étaient pas valorisées. « Ou des cultures que l’on intercale entre les autres et qu’on ne mènera pas à maturation », explique Luc, qui travaille aussi sur l’exploitation.

    Régulièrement, au fil de la journée, des copeaux de céréales sont plongés dans une première cuve où va débuter le travail de fermentation. « Un peu comme la digestion dans l’estomac d’une vache », sourit Luc. Puis, la matière est guidée vers une deuxième cuve, où ce qui restait de solide est réduit en bouillie. « Il faut environ 100 jours pour décomposer la matière. »

    Un gaz s’échappe à chacune de ces étapes. Il est composé à 52 % de méthane et à 48 % de CO2. Grâce à un système de filtration, le méthane est envoyé dans le circuit de GRDF : « Le CO2 est, quant à lui, absorbé par nos cultures », affirme le cultivateur.

    Charny (Seine-et-Marne), ce mois-ci. Luc montre les différentes étapes de la méthanisation sur
    l’exploitation de Louis Courtier. LP/J.V.

    Reste, dans la troisième cuve, un résidu pâteux appelé « digestat ». Sa couleur maronnasse est trompeuse. Il recèle des richesses nutritives et constitue un formidable engrais naturel pour les cultures. « En un an, on a économisé environ 40 % de l’engrais que l’on achète habituellement », assure Louis.

    À la fin de cette année 2022, l’usine de méthanisation devrait avoir produit environ 19 gigawatts de biogaz. L’équivalent de la consommation annuelle de 3 000 foyers. Louis compte bien ne plus acheter d’énergie à personne. « Je vais pouvoir retrouver l’indépendance de mon grand-père, avec des tracteurs qui fonctionnent au gaz, un engrais et de l’énergie que je produis sur le site, assure-t-il. Et ne plus dépendre, par exemple, des décisions de la Russie qui font varier le cours du gaz ou des engrais. »

    Des bus rouleront au biogaz 100 % local


    En Île-de-France, 1 400 bus roulent déjà au bioGNV. En 2029, ils seront environ 7 350. Soit 70 % des bus et autocars franciliens. « Et nous souhaitons que le bioGNV qui les alimente soit 100 % francilien. Nous payons un peu plus cher le carburant. Mais la filière sait qu’il y a un gros client et cela peut inciter des agriculteurs à valoriser leurs déchets », affirme Laurent Probst, directeur général d’Île-de-France Mobilités (IDFM).

    En effet, l’autorité organisatrice des transports a lancé, dès 2016, la décarbonation de son parc. Après avoir voulu déployer majoritairement l’électrique, elle a finalement privilégié la motorisation gaz. « Les véhicules sont plus autonomes, le problème de recyclage des batteries ne se pose pas. Même si, en contrepartie, ils émettent un peu plus de polluants avec des installations qui sont plus contraignantes dans les zones très urbaines », poursuit le directeur général d’IDFM.

    La production n’est donc pas encore suffisante. Les 37 sites qui existent déjà en Île-de-France — la plupart en Seine-et-Marne — injectent dans le réseau de GRDF 700 GWh/an. L’équivalent de la consommation en gaz de 116 000 logements ou de 2 800 bus bioGNV. En 2029, pour les 7 350 véhicules prévus, il en faudra trois fois plus, soit environ 1,84 TWh/an. « D’autant qu’il n’y a pas qu’IDFM qui utilise le bioGNV », détaille Bertrand de Singly, directeur Territoires Île-de-France chez GRDF.

    Des projets qui pourraient voir le jour en 2025


    Environ 140 projets sont en effet en cours en Île-de-France, boostés par la loi. En 2025, les particuliers devront isoler leurs déchets alimentaires et organiques. Les entreprises cherchent donc comment les valoriser. Et la méthanisation apparaît comme l’une des meilleures solutions.

    En 2024, le projet du Syctom et du Sigeif à Gennevilliers devrait permettre de traiter 50 000 tonnes de produits ménagers. Un autre site à Carrières-sous-Poissy (Yvelines) se lance avec les déchets des cantines. La station d’épuration du Siaap à Valenton (Val-de-Marne) va également tenter d’utiliser la matière organique des eaux usées de ses habitants pour les transformer en gaz.

    Pour l’ensemble de la région, dans le cadre de sa stratégie énergie-climat, le conseil régional s’est fixé un objectif de production de 5 TWh/an de gaz vert à l’horizon 2030. Cela nécessitera environ 240 installations d’unité de méthanisation en Île-de-France. « Oui, assure Bertrand de Singly. Une fois que nous serons organisés, il sera tout à fait possible d’atteindre l’indépendance énergétique en biogaz. »


    © pour leparisien.fr


     
    Partager en 1 clic :
    Imprimer ou télécharger en PDF cet article :
    Print Friendly and PDF

    Aucun commentaire :

    Enregistrer un commentaire