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  • Un accord historique et « ambitieux » sur la biodiversité adopté à la COP15 de Montréal

    Publié le 24 Décembre 2022  


    Lien vers l'article original: ici


    Les discussions se sont poursuivies dans la nuit pour arriver à une entente.
    Des pays africains s'y sont cependant opposés.
    PHOTO : VIA REUTERS / JULIAN HABER/UN BIODIVERSITY

    Les délégués réunis depuis dix jours au Palais des congrès de Montréal se sont entendus in extremis sur un cadre mondial pour freiner le déclin rapide de la biodiversité à travers le monde.

    Il y a à peine quelques mois, les gens – des écologistes et des ministres comme moi partout sur la planète qui voulaient un accord ambitieux – ne pouvaient que rêver. »
           — Une citation de Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique


    Pour le ministre Guilbeault, il faut dès maintenant travailler à mettre en place le Cadre mondial de la biodiversité.

    "On va travailler en fait, on a déjà commencé à y travailler [lundi] soir et le projet de loi sera déposé en 2023. Parallèlement à ça, on va travailler aussi avec nos partenaires autochtones, les provinces et les territoires", a-t-il indiqué.

    "C'est un moment historique", a de son côté déclaré le ministre chinois de l'Environnement, qui agissait comme président de cette COP15.

    Le texte se décline en 23 objectifs, à commencer par la protection de 30 % des terres et des océans d’ici 2030. Cette cible a été présentée comme l’équivalent pour la biodiversité de l’objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. À ce jour, 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées.

    Le texte donne également des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80 % de la biodiversité subsistante sur Terre, et propose de restaurer 30 % des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.

    "C'est un bon accord, oui, mais est-ce qu'il est parfait? Non", a noté en après-midi le Canadien Basile van Havre, co-président du groupe de travail sur le nouveau cadre mondial de l'après-2020 qui travaille sur ce dossier depuis quatre ans. "Ce qui compte, c'est ce que nous en ferons."

    « Si nous nous réunissons dans 7 ans, en 2030, et que nous avons accompli tout ce qui se trouve dans l'accord, nous serons sur une planète bien différente. »
           — Basile van Havre, co-président du groupe de travail sur le nouveau cadre mondial de l'après-2020


    L'accord non contraignant a été salué de toutes parts, y compris par des ONG dont certaines étaient particulièrement sceptiques durant les négociations. C'est le cas du directeur international du Fonds mondial pour la nature, Marco Lambertini, qui, après avoir déploré le fait que les États ne faisaient "aucun progrès", s'est montré fort ému lundi.

    "Je suis fier de pouvoir dire à mes petits enfants qu'à travers cet accord, nous allons pouvoir offrir un meilleur avenir aux prochaines générations", a-t-il précisé, la gorge nouée par l'émotion.

    Bien qu’il soit ravi de l’aboutissement du sommet, le ministre Guilbeault concède que la partie est loin d’être gagnée. "C’est toujours le défi aux Nations unies. Ce ne sont pas les Nations unies qui vont débarquer dans les pays pour faire appliquer ces accords-là." Le plan décennal précédent, signé au Japon en 2010, par exemple, n’a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l’absence de mécanismes d’application véritables.

    "On ne règle pas tout avec ça, mais on se donne une chance et on donne une chance à la nature", a ajouté le ministre plus tard en matinée sur les ondes d'ICI RDI.

    Du côté du gouvernement du Québec, le premier ministre François Legault a déclaré que "maintenant, tout le monde doit travailler pour avoir des résultats concrets". "Le Québec tiendra ses promesses", a-t-il assuré.

    Le cadre mondial est également historique parce qu'il marque un important changement dans les relations internationales sur le plan de l'environnement, car la protection des écosystèmes a longtemps été un parent pauvre dans cette arène.

    "C’est un nouveau souffle pour la diplomatie de la conservation, une entente qui nivelle par le haut ce que les États doivent faire pour conserver le territoire, la biodiversité et les écosystèmes", a expliqué le responsable de la diplomatie climatique internationale au Réseau Action Climat, Eddy Pérez.

    Il y a également matière à réjouissance quand on s'attarde un peu plus en détail aux objectifs du cadre, a noté le directeur général de l'aile québécoise de la Société pour la nature et les parcs du Canada, Alain Branchaud. "On s’attaque à toutes les causes directes de la perte de la biodiversité, mais il y a des objectifs qui nous entraînent vers une discussion sur les causes sous-jacentes du déclin de la biodiversité", se réjouit-il.

    La question financière


    C'est la Chine qui assurait la présidence de la COP15, car c'est là que devait se tenir
    le sommet avant que la pandémie frappe.
    PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / RYAN REMIORZ

    Qui plus est, le cadre mondial Kunming-Montréal, de son appellation officielle, "va tripler les investissements pour la protection de la nature par rapport à la dernière décennie", a souligné le ministre Guilbeault.

    Pour la période 2010-2020, l’aide internationale annuelle pour la conservation dans les pays moins nantis s’élevait à 10 milliards de dollars. Elle devrait passer à 20 milliards de dollars d’ici 2025, puis à 30 milliards de dollars en 2030.

    Cet enjeu était sans doute l’un des plus épineux de la conférence, et ce, jusqu’à la toute fin. Comme lors des discussions sur le climat en Égypte en novembre, cela a créé des tensions entre pays riches et pays du Sud.

    En échange de leurs efforts, les pays les moins développés réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an.

    "La plupart des gens disent que c’est mieux que ce que nous attendions des deux côtés, pour les pays riches comme pour ceux en développement. C’est la marque d’un bon texte", a confié à l’AFP Lee White, ministre gabonais de l’Environnement.

    Outre les subventions, les pays du Sud poussaient aussi fortement pour la création d’un fonds mondial consacré à la biodiversité, une question de principe, à l’image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques.

    Sur ce point, la Chine propose comme compromis d’établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l’actuel Fonds mondial pour l’environnement (FEM), dont le fonctionnement est jugé très déficient par les pays les moins développés.

    Point de départ et angles morts


    L'accord a été adopté par consensus, et non par l'unanimité, une importante distinction qui ne l'affaiblit pas pour autant.

    "On sort tous avec un ressenti d'inconfort et il faut protéger ce qu’on a acquis. C’est la différence entre le consensus et l’unanimité. Ce consensus permettra de protéger ce qu’on a acquis ici à Montréal, pour qu’on puisse continuer à se battre pour rehausser l’ambition", a souligné Eddy Pérez.

    Et pour continuer d'avancer sur ce chemin qui s'ouvre, il sera d'autant plus important d'être particulièrement à l'écoute des États qui se sont opposés au cadre mondial Kunming-Montréal, comme la République démocratique du Congo (RDC).

    "La Chine et le Canada devront travailler avec la RDC [...]. Dans la mise en œuvre, il y aura une relation de confiance qui va être bâtie avec tous les pays du continent africain", a plaidé M. Pérez, une réalité que reconnaît d'ailleurs Steven Guilbeault.

    "C’est à nous de travailler avec eux, rebâtir des ponts et leur montrer qu’on est là pour les accompagner dans ces efforts-là", concède le ministre de l'Environnement du Canada.

    Bien que le texte regorge de propositions, des zones d'ombre pouvant être exploitées. "Il n’y a pas de définition de ce qu’est une utilisation durable [des ressources]", a déploré Alain Branchaud. "Certaines personnes voudront peut-être mettre des activités industrielles dans les aires à protéger."

    Le directeur général du Fonds mondial pour la nature, abonde dans le même sens et a dénoncé du même souffle la latitude que le cadre laisse aux États qui se traîneraient les pieds. "Il y a un manque de mécanisme qui obligera les gouvernements à accroître leurs actions si les objectifs ne sont pas atteints. Nous devons maintenant voir à la mise en œuvre immédiate de cet accord, sans excuse, sans retard", a insisté Marco Lambertini.

    Les droits des Autochtones mal protégés, dénonce Amnistie


    De son côté, l'organisation Amnistie internationale a, par voie de communiqué, parlé d'"une occasion manquée pour protéger les droits des peuples autochtones".

    "Dans le cadre mondial pour la biodiversité adopté aujourd'hui lors de la COP15, les États présents n'ont pas entièrement intégré la demande de ces peuples de voir leurs terres et territoires pleinement reconnus comme une catégorie de zones conservées, requête qui visait à les protéger des prédations qu'ils subissent souvent dans des zones telles que les parcs nationaux gérés par les États", a indiqué Chris Chapman, conseiller de l'organisation en matière de droits des Autochtones.

    Toujours selon M. Chapman, si les Autochtones ne représentent que 5 % de la population mondiale, leurs territoires regroupent plutôt 80 % de la biodiversité de la planète.

    Le temps presse


    Pour Masha Kalinina, de l’ONG Pew Charitable Trusts, protéger au moins 30 % des terres et des mers d’ici 2030 est la nouvelle étoile polaire que nous utiliserons pour naviguer vers le rétablissement de la nature.

    "Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d’espèces dont les perspectives seront considérablement améliorées par cet accord", a ajouté Brian O’Donnell, de l’ONG Campaign for nature.

    Des défenseurs de l’environnement craignaient également des échéances trop lointaines au vu de l’urgence actuelle.

    Les scientifiques sont formels, le temps presse. En effet, 75 % des écosystèmes mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu. De fait, plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

    Estimant que l’humanité était devenue une arme d’extinction massive, le chef de l’ONU , Antonio Guterres, avait appelé les parties à conclure un pacte de paix avec la nature.

    © ici.radio-canada.ca


     
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