Climat : ce qu’il faut retenir du nouveau rapport choc du Giec
Publié le 18 Août 2021Lien vers l'article original: ici
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a présenté lundi sa plus importante publication depuis 2014. Les conclusions sont alarmantes.
La voix est posée et les mots sont mesurés, mais les conclusions n’en sont pas moins inquiétantes : lorsqu’elle a résumé dimanche soir à quelques journalistes les points clés du nouveau rapport du Giec sur le changement climatique, fruit d’années de travaux pour des centaines de scientifiques, la paléoclimatologue française Valérie Masson-Delmotte est restée zen. « Les activités humaines sont à l’origine du changement climatique, c’est indiscutable, et l’influence humaine rend plus fréquents et plus graves de nombreux événements climatologiques extrêmes, plus particulièrement les vagues de chaleur, les événements de pluie torrentielle et dans de nombreuses régions, les sécheresses », a-t-elle expliqué.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de dévoiler lundi matin les éléments scientifiques clés de son sixième rapport d’évaluation, sa plus importante publication depuis 2014. Alors que l’objectif du rapport spécial de 2018 était de limiter le réchauffement à + 1,5 °C, le scénario le plus optimiste de réduction très rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre, peu vraisemblable au regard de l’implication des plus grands pollueurs, prévoit désormais un pic à + 1,6 °C avant un retour à +1,4° vers la fin du XXIe siècle. Il est toutefois plus problable que le seuil symbolique des +1,5° sera dépassé vers 2030, une décennie plus tôt qu’envisagé en 2018.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de dévoiler lundi matin les éléments scientifiques clés de son sixième rapport d’évaluation, sa plus importante publication depuis 2014. Alors que l’objectif du rapport spécial de 2018 était de limiter le réchauffement à + 1,5 °C, le scénario le plus optimiste de réduction très rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre, peu vraisemblable au regard de l’implication des plus grands pollueurs, prévoit désormais un pic à + 1,6 °C avant un retour à +1,4° vers la fin du XXIe siècle. Il est toutefois plus problable que le seuil symbolique des +1,5° sera dépassé vers 2030, une décennie plus tôt qu’envisagé en 2018.
La montée des eaux « irréversible »
Les quatre autres scénarios explorent la montée des températures avec respectivement des émissions limitées à court ou à moyen terme, et des émissions élevées ou très élevées. Les projections s’étalent de + 2,1 °C à + 5,7 °C à l’horizon 2081-2100, avec des conséquences catastrophiques qui augmentent en fréquence et en intensité pour chaque dixième de degré franchi. Toutefois, « si nous agissons tout de suite, nous pourrons en voir les bénéfices sous dix à vingt ans », a assuré Valérie Masson-Delmotte.
La montée des eaux sera « irréversible » pour des milliers d’années, engloutissant des régions entières et des îles. Le niveau montera de 28 centimètres à 2 mètres d’ici 2100, selon l’intensité du réchauffement, avec des scénarios intermédiaires oscillant entre 44 et 76 cm. Pire, dans les deux mille ans à venir, l’eau continuera à monter, entre 2 et 6 mètres, avec une possibilité de réaction en chaîne menant à une montée de 19 à 22 mètres. Dès les décennies à venir, les océans et les forêts, qui aspirent énormément de CO2, vont perdre une partie de leur capacité à le faire. Ce rapport est une véritable « alerte rouge » pour l’humanité, et doit « sonner le glas » des énergies fossiles qui « détruisent la planète », a réagi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
La montée des eaux sera « irréversible » pour des milliers d’années, engloutissant des régions entières et des îles. Le niveau montera de 28 centimètres à 2 mètres d’ici 2100, selon l’intensité du réchauffement, avec des scénarios intermédiaires oscillant entre 44 et 76 cm. Pire, dans les deux mille ans à venir, l’eau continuera à monter, entre 2 et 6 mètres, avec une possibilité de réaction en chaîne menant à une montée de 19 à 22 mètres. Dès les décennies à venir, les océans et les forêts, qui aspirent énormément de CO2, vont perdre une partie de leur capacité à le faire. Ce rapport est une véritable « alerte rouge » pour l’humanité, et doit « sonner le glas » des énergies fossiles qui « détruisent la planète », a réagi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.
Un atlas régional
À trois mois de la COP26 de Glasgow, cette publication choc va à coup sûr influencer les négociations internationales sur le climat. L’opinion publique, quant à elle, ne peut que lier les conclusions de ce rapport aux événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents et intenses sur la planète ces dernières années. Le Giec publie d’ailleurs un atlas régional, qui permet à chacun de consulter les risques liés au changement climatique dans sa région, et consacre un tiers de ses chapitres à des études régionales. En donnant aux citoyens les moyens de s’informer sur leurs régions, les chercheurs espèrent impliquer les décideurs locaux en plus des gouvernements.
Les experts n’ont publié le 9 août que la première des trois parties du nouveau rapport d’évaluation, celle qui rassemble les éléments scientifiques. Des centaines de chercheurs du monde entier y présentent la situation climatique actuelle et son évolution prévisible en prenant en compte la progression des connaissances et des technologies depuis le précédent rapport de 2014. Le deuxième volet (celui dont un brouillon a fuité) doit être publié en février 2022 et abordera les conséquences du dérèglement climatique sur les écosystèmes, alors que le troisième volet présentera en mars 2022 les solutions permettant d’atténuer le réchauffement et ses conséquences. Le rapport de synthèse sera publié en septembre 2022.
Des données plus fiables
Les chercheurs se sont appuyés sur des données scientifiques plus nombreuses et de meilleure qualité que lors de la rédaction du cinquième rapport. Par exemple, l’historique des relevés des températures mondiales est issu du Met Office britannique qui a déployé une nouvelle version de son système, HadCRUT5, laquelle prend mieux en compte les biais ou erreurs possibles dans les chiffres enregistrés depuis 1850 par des stations météo terrestres, par des navires ou par des bouées.
« Ces mises à jour permettent une meilleure cohérence avec les autres données de température, et une meilleure confiance dans notre compréhension des changements », expliquaient en 2020 des météorologues britanniques alors qu’ils diffusaient la nouvelle version de leur système. Les données ont aussi été largement mises à jour pour combler des lacunes dans la région arctique, celle qui se réchauffe le plus vite, avec pour résultat une augmentation de 0,1 degré des estimations globales de températures.
« Ces mises à jour permettent une meilleure cohérence avec les autres données de température, et une meilleure confiance dans notre compréhension des changements », expliquaient en 2020 des météorologues britanniques alors qu’ils diffusaient la nouvelle version de leur système. Les données ont aussi été largement mises à jour pour combler des lacunes dans la région arctique, celle qui se réchauffe le plus vite, avec pour résultat une augmentation de 0,1 degré des estimations globales de températures.
Le CO2 n’est pas le seul ennemi
La nécessité de réduire les émissions de l’ensemble des gaz à effet de serre, et pas seulement du CO2 est aussi abordée dans le rapport. Selon l’agence américaine de protection de l’environnement, les concentrations de méthane et de protoxyde d’azote sont aujourd’hui à leur niveau record depuis 800 000 ans. Même s’il ne reste dans l’atmosphère qu’une douzaine d’années, le potentiel de réchauffement du méthane est près de 90 fois supérieur à celui du CO2. Et la fonte des glaces en Arctique s’apprête à en libérer des milliards de tonnes dans les prochaines décennies, dont une partie pourrait toutefois rejoindre l’océan et y être consommée par des bactéries.
Ce sixième rapport consacre pour la première fois un chapitre entier aux « forceurs climatiques à courte durée de vie », c’est-à-dire les aérosols, les particules et autres gaz réactifs (dont l’ozone) qui disparaissent de l’atmosphère après quelques heures ou quelques mois, et qui sont eux aussi un levier pour limiter le réchauffement climatique.
Un tel rapport est un travail titanesque : chacun des trois volets a été rédigé par 234 à 270 auteurs, avec des références à des dizaines de milliers d’articles scientifiques, et des dizaines de milliers de commentaires permettant aux auteurs de peaufiner la rédaction du texte. Le Giec est un organe dépendant de l’ONU, en charge de la climatologie. Il était réuni en séance plénière virtuelle depuis le 26 juillet, pour aboutir au vote le 6 août de la version finale des textes.
Ce sixième rapport consacre pour la première fois un chapitre entier aux « forceurs climatiques à courte durée de vie », c’est-à-dire les aérosols, les particules et autres gaz réactifs (dont l’ozone) qui disparaissent de l’atmosphère après quelques heures ou quelques mois, et qui sont eux aussi un levier pour limiter le réchauffement climatique.
Un tel rapport est un travail titanesque : chacun des trois volets a été rédigé par 234 à 270 auteurs, avec des références à des dizaines de milliers d’articles scientifiques, et des dizaines de milliers de commentaires permettant aux auteurs de peaufiner la rédaction du texte. Le Giec est un organe dépendant de l’ONU, en charge de la climatologie. Il était réuni en séance plénière virtuelle depuis le 26 juillet, pour aboutir au vote le 6 août de la version finale des textes.
© Guerric Poncet pour lepoint.fr
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